27 octobre, 2006

La liberté, le pouvoir...





Partie 2
...Donc, ego dit à alter « Je veux être libre ». Quand ego dit cela, il ne veut pas dire à alter « Je veux être indépendant de toi, je veux être autonome à l’égard de toi, je ne veux plus de rapport avec toi ». Tout ce que dit ego à alter relève du bondage et a fondamentalement pour but d’entretenir un lien social, un rapport, une dépendance avec lui et non pas de les dissoudre. Quand ego dit à alter « Je veux être libre », il signifie à alter « Je veux un certain type de rapport avec toi, et c’est moi qui vais décider de ce type de rapport ». Les revendications de liberté doivent donc s’interpréter au sein d’un système social, toujours comme relation d’aliénation, création ou renforcement d’un certain type de dépendance, d’hétéronomie entre les acteurs du système, et non comme recherche d’autonomie et d’indépendance, absence de rapport, sortie du système social, désaliénation.
La liberté est un type de lien social, un type de positionnement social par rapport à autrui. Quel type de rapport cherche-t-on à instaurer avec l’Autre quand on lui dit « Je veux être libre », quel positionnement social prend-on par rapport à lui ? Il ne s’agit ni plus ni moins que d’une position dominante, un rapport de domination. C’est-à-dire un rapport d’aliénation en ma faveur, où l’Autre sera dépendant de moi et pas l’inverse. « Je veux être libre » ne peut jamais signifier « Je veux être autonome, je ne veux plus de rapport avec toi ». « Je veux être libre » signifie toujours en réalité « Je veux des rapports avec toi, mais je veux décider du type de rapports que nous aurons, selon mon désir et non pas selon le tien. Et par conséquent ton désir doit s’effacer devant le mien, ton désir doit se subordonner au mien ». Autrement dit, « Je veux être libre » se complète par « Et tu ne le seras pas ». Ainsi, le message implicite qu’alter doit comprendre quand ego lui dit « Je veux être libre » n’est pas « Je veux être autonome, sans rapport avec toi, indépendant de toi » mais plutôt « Je veux que nos rapports soient tels que tu seras dépendant de moi car ton désir sera soumis au mien ». Ou encore : « J’ai besoin de toi pour pouvoir exprimer mon désir comme je le veux, ce qui suppose que ton désir obéisse au mien». Tout acte de communication est un acte de bondage doublement polarisé par le rapport de forces SM dominant-dominé. Comme acte de communication-bondage, dire « Je veux être libre » vise donc à créer un rapport d’aliénation entre ego et alter, au sein duquel ego exprime le désir d’être le sujet S dominant et aliénateur. Ainsi, quand les féministes disent aux hommes « Nous voulons être libres », elles disent en réalité « Nous voulons vous dominer ».
La liberté du sujet Sado est ainsi placée sous le principe d’individuation. En effet, la liberté du Sado passe par son affirmation égocentrique aux dépens de l’altérité Maso avec laquelle il forme système en l’instrumentalisant. Pour le sujet S, « Je veux être libre », « Je veux t’attacher, je veux t’aliéner, je veux t’ensorceler », « Je veux te faire quelque chose parce que tu m’appartiens ». Les revendications libertaires expriment le désir du sujet S de posséder le sujet M auquel il s’adresse, qui devient dès lors son objet, son instrument. La liberté c’est donc ma liberté de te posséder. « Tu es mon objet car je veux être libre de faire de toi ce que je veux, ce que je désire » En revendiquant sa liberté, le sujet S ne fait que la promotion narcissique de son ego.
La liberté Sado est par conséquent de nature apollinienne au sens où elle renforce le principe d’individuation du sujet qui la revendique.

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